ou "C'est l'été, de quoi vous plaignez-vous ?"
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En cette fin de mois de juin, quel est le moral des troupes ? Rapide passage en revue des bataillons de travailleurs dont vous faites peut-être partie.
Les Belges ne sont pas contents
Pas contents, d’abord, parce que le printemps ne fut rien d’autre qu’exécrable. On dira ce qu’on voudra, mais cela influence le moral, pour ne pas dire que cela tape royalement sur le système nerveux, de voir de la pluie, du vent et de la grêle des premiers jours de Germinal aux derniers de Prairial.
Ensuite, les sondages et les enquêtes le disent, les Belges n’ont vraiment pas le moral pour l’instant. Surtout les femmes, les jeunes et les chômeurs. Si vous ne faites pas partie d’une de ces catégories, rien ne vous empêche de faire la tête par sympathie. Une lueur d’espoir, malgré tout, dans les ténèbres de notre plat pays : on ne râlera pas d’avoir perdu des matches à l’Euro 2012 de football puisqu’on n’y était pas …
Pour terminer, on ne sait trop comment interpréter ce long silence de notre gouvernement sur la grande relance annoncée. Les plus naïfs pensent encore qu’elle finira bien par arriver, les plus réalistes se demandent quelles seront les mesures qui seront votées en stoem (*1) cet été.
Mais soyez heureux, que diantre …
Allez, balayons d’un revers de la main toutes ces moroses pensées. Réjouissons-nous de ces quelques bonnes nouvelles …
Pour commencer, on annonce une semaine avec au moins 36 heures sans pluie. Faudra en profiter un max, parce qu’on n’annonce rien de bon jusqu’en octobre, dixit une voyante qui lit le climat dans les oignons.
Autre nouvelle sympathique : pendant deux mois, on ne verra plus les tronches de déterrés des instits et des profs, en train de se plaindre de leurs élèves et de leur santé, ceci expliquant forcément cela. C’est une blague, hein, faut pas réagir comme ça ; vous aussi vous avez droit à vos vacances, vous qui faites le plus beau métier du monde.
A propos de vacances, il parait même que les jours de maladie survenant durant cette période pourront être récupérés plus tard. Cela promet de belles empoignades entre syndicat et patronat à la rentrée. On suivra ce nouveau feuilleton par défaut plutôt que par intérêt puisque Dr House et les Desperate ont rendu leur tablier.
A défaut de bonheur, rêvons de bien-être
Ne boudons pas notre plaisir de voir se profiler cette période bénie des vacances, profitons-en pour décompresser et rêvasser à ce que pourrait être le bonheur au travail.
Peut-être faudrait-il commencer par proposer que les patrons de grandes entreprises ne gagnent pas, en moyenne, deux cent fois plus que le salaire minimum.
Dans la foulée, on pourrait imaginer que l’évaluation du bien-être des travailleurs soit rendue obligatoire afin d’établir le top 20 des entreprises les plus humaines.
Et, tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer en Belgique un nouveau paradigme où le partage du travail et des ressources serait prioritaire sur la recherche effrénée du profit et du pouvoir.
On pourrait aussi …
Ok, j’arrête là.
Lorsque je pense à un monde plus juste, j’ai une tendance naturelle à devenir optimiste et rêveur à l’excès. C’est peut-être la fatigue qui me fait perdre un peu de ma faculté de discernement.
Décidément, il est grand temps que je prenne des vacances …
*1. « En stoem », diminutif de « en stoemeling », qui signifie « en douce », « sans attirer l’attention »